En 1992, on célébrait le treizième centenaire du Concile convoqué en 692 par l'empereur Justinien II à Constantinople dans la salle (in Trullo) du palais impérial. Ce concile devait compléter les dispositions prises aux Ve (553) et VIe (680) conciles cuméniques, afin de renforcer l'uniformité dans la vie et la discipline de l'Église, au détriment de la légitime diversité que l'on prône de nos jours. Il est connu dans l'histoire sous la double dénomination de Concile in Trullo, en raison de la salle de réunion, ou de Concile Quinisexte, en raison des deux conciles auxquels il se référait. Son cuménicité a été mise en question au cours de l'histoire
L'Institut pontifical de droit oriental de Rome, en collaboration avec le Centre Ezio Aletti, a eu l'heureuse idée de consacrer au Concile un Symposium international du 3 au 6 décembre 1992. Les communications faites au Symposium ont été publiées par les soins des professeurs George Nedungatt et Michel Featherstone ; elles ont fait l'objet d'un beau volume de la collection Kanonika, inaugurée en 1992 et dirigée par George Nedungatt. Outre les communications, le lecteur trouvera dans le volume le texte des 102 canons du Concile (p. 41-186). Pour l'édition des canons, les auteurs ont pris le texte grec établi par P.-Pierre Joannou et publié dans les Fonti della codificazione orientali (fasc. IX, 1. Les canons des conciles cuméniques, Grottaferrata, 1962, p. 101-241) ; il y ont joint la traduction latine faite par Joannou, mais en la corrigeant, et ils ont ajouté en note une traduction anglaise.
Les communications sont au nombre de sept, avec une longue introduction de V. Peri retraçant le sort du Concile au cours de l'histoire. Les thèmes développés dans les communications sont les suivants : Les canons du Concile in Trullo repris par les Novelles de l'empereur Léon VI (S. N. Troianos). - L'environnement historique du Concile : les invasions "barbares", qui ont fortement affecté la vie et la discipline de l'Église (V. Peri). - La réception des canons du Concile dans la tradition canonique de l'Ouest (P. Landau). - La perception du caractère cuménique du Concile dans les traditions orientale et occidentale : en Orient, le caractère cuménique n'a jamais posé de problème ; en Occident, il devint finalement une quaestio disputata (N. Dura). - Le problème du clergé marié et du célibat dans la législation du Concile : le point de vue oriental (C. G. Pitsakis). - Les soi-disant canons anti-romains du Concile (H. Ohme). - Les difficultés posées à l'Église arménienne par certains canons en raison de l'uniformité recherchée sans tenir compte de la diversité des usages locaux (M. van Esbroeck).
Les organisateurs du Symposium ont droit à notre reconnaissance ; ils permettent de porter un jugement plus équitable sur le Concile in Trullo par les soins qu'ils ont apportés à le replacer dans le cadre de l'histoire et des traditions canoniques orientale et occidentale.René METZ
Dans le Codex luris Canonici de 1983 est inséré un canon (c. 605) qui expose les normes concernant l'attitude du Siège Apostolique et des évêques diocésains en rapport avec les nouvelles formes de vie consacrée. Cela concerne les formes de vie "sans mariage" en raison du Royaume de Dieu, qui diffèrent des instituts religieux, des instituts séculiers et des sociétés de vie apostolique. L'auteur, Antonio Neri, était un juriste civil et est, pour le moment, membre d'une nouvelle association, Casa Betania, laquelle est en train de devenir, conformément à la constitution apostolique Pastor Bonus art. 111, un institut religieux sous le nom de Fraternità francescana di Betania. Il est donc lui-même concerné par une nouvelle forme de vie religieuse. Il a défendu cette étude comme thèse à l'lnstitutum Pontificium Utriusque luris de l'Université pontificale du Latran. Un des promoteurs en a été le Professeur Domingo Andrés Gutiérrez, cmf, directeur des revues Commentarium pro Religiosis et Apollinaris, qui a écrit la présentation (p. V-VII).
Le travail se compose de 2 parties. Après l'introduction (p. 1-2), suit la première partie consacrée aux sources et à l'élaboration de la nouvelle législation (p. 5-53) ; la deuxième partie donne l'interprétation du nouveau canon (p. 55-186). Ensuite, suivent la liste des abréviations (p. 187), la bibliographie (p. 189-199) et l'index (p. 201-203).
Le livre est intéressant car un tout nouveau canon du Codex est décrit de façon détaillée, aussi bien sa genèse que son interprétation. C'est un travail minutieux où toutes les facettes du sujet sont traitées d'une manière précise.
Étant donné la vie de l'Église où nous voyons actuellement se développer une dynamique constante due aux initiatives nouvelles dans le domaine des associations et des formes de vie consacrée, l'ouvrage est de grande importance pour la pratique du gouvernement ecclésial. De plus, le livre offre une excellente bibliographie.
Comme le travail de Madeleine Ruessmann, celui-ci ne contient aucune question centrale. Quelques questions sont bien formulées dans l'introduction mais, comme l'auteur le dit explicitement, elles sont seulement données à titre d'exemples. Il est dommage que cette thèse ne soit pas tout-à-fait réussie au point de vue méthodologique. On peut remarquer que les conclusions générales sont, pour une grande partie, constituées par un aperçu des canons 573-746 où sont traités les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostoliques.
Le livre est écrit dans une langue propre au "pathos" italien, mais qui est parfois troublante pour un Européen du Nord. Un problème fondamental est, me semble-t-il, le suivant : est-il scientifiquement justifiable de prendre d'autres éléments, tirés de la théologie, de la Bible et du Magistère, pour une démonstration canonique ? Remarquons également que l'auteur utilise souvent dans sa démonstration de longues citations intégrales. La question est de savoir si elles sont nécessaires. Il me semble remarquer parfois un faux pas, comme à la page 122 où il interprète le "fenomeno aggregativo" dans l'Église comme une conséquence de Vatican II. Ne s'agit-il pas là d'une faute contre la logique qui est la plupart du temps formulée par les mots "post hoc, ergo propter hoc" ? La croissance de ce phénomène aggrégatif a plus à voir, suivant mes vues, avec le donné sociologique de l'individualisation du monde occidental et, suivant les personnes concernées, avec le manque d'inspiration des communautés existantes comme les paroisses et les associations ecclésiales traditionnelles.Peter STEVENS