Grigorios D. Papathomas, Regard orthodoxe sur l’œuvre législative du pape François, RDC 69/2, 2019, p. 189-208.

En ce début du 3e millénaire, le pape François a présenté une œuvre législative considérable durant les premières cinq années de Son Pontificat (2013-18). La présente étude entend proposer sommairement un regard extérieur –sous l’angle de la vision canonique commune aux chrétiens du 1er millénaire– sur l’Église catholique romaine du 2e millénaire et plus particulièrement au prisme des efforts législatifs récents menés par le pape François. Depuis le début de Son Pontificat en 2013, François a montré une volonté solide et constante de légiférer dans une perspective progressiste au sein de la vie ecclésiale et de promovoir des réformes structurelles et profondes et même hypostatiques au sein de l’Église catholique romaine, concernant notamment certains aspects de sa vie interne mais aussi d’autres aspects qui entraînent des conséquences ecclésio-canoniques dans Ses relations avec les autres Églises. Étant donné l’immensité du champ d’investigation, l’étude, sans prétendre à l’exchaustivité, se bornera plus spécialement à deux questions relatives à l’œuvre législative du Pape : le mariage et la famille, d’une part, la synodalité ecclésiale, d’autre part, la première étant une question prioritairement interne, alors que la seconde a des conséquences évidentes et immédiates dans les relations œcuméniques des Églises.

Benoît Pigé, Repenser la gouvernance des communautés paroissiales, RDC 69/2, 2019, p. 209-228.

Si la législation de l’Église reconnaît la priorité de la communauté de fidèles comme facteur constitutif d’une paroisse, le droit canonique semble clore toute discussion sur la structure de gouvernance des paroisses en désignant le curé comme détenteur du pouvoir sacramentel et organisationnel sous l’autorité de l’évêque. Une approche par la théorie contractuelle des organisations offre une vision différente des enjeux de gouvernance des paroisses. Si la théorie de l’agence (dominante dans l’économie financière des organisations) semble s’appliquer assez facilement au modèle ecclésial, la théorie alternative des parties prenantes permet de mettre en lumière les relations de l’organisation avec ses parties prenantes. L’expérience du diocèse de Poitiers dans les décennies 1990 et 2000 a montré qu’il était possible de concevoir et de faire fonctionner un modèle organisationnel différent où le prêtre perd sa charge de curé (au sens de dirigeant) de paroisse pour devenir le garant de la communion des communautés paroissiales dans l’Église diocésaine. Cela a un impact sur la conception du rôle de l’évêque, non plus d’abord chef d’une organisation mais avant tout responsable de la communion des communautés paroissiales entre elles, et de la communion de son Église diocésaine avec l’Église universelle.

Pierre-Marie Berthe, L’Église de France face à l’interdiction des rassemblements dans les lieux de culte pour raison sanitaire : la question de la messe à domicile, RDC 69/2, 2019, p. 229-260.

Du 11 au 24 mai 2020, alors que le confinement imposé à la population française avait pris fin, mais que les rassemblements demeuraient interdits dans les lieux de culte en raison de la crise sanitaire, les évêques de France ont adopté des orientations pastorales différentes dans leurs diocèses. Si les uns ont permis aux prêtres de célébrer la messe dans les familles ou dans un lieu privé pour un petit nombre de fidèles, d’autres s’y sont opposés. L’évolution des normes relatives au lieu de la célébration de la messe, que sanctionne le canon 932 §1 du Code de droit canonique (1983), éclaire ces deux points de vue. Cette contribution évalue les raisons pastorales qui, dans un contexte difficile, ont poussé des prêtres à organiser des messes pour les fidèles en dehors des églises, mais aussi les dangers d’une telle pratique au regard du bien commun de l’Église.

Christian Wehking, Le repos dominical et sa perception évangélique à l’époque de la Réforme. Une approche franco-allemande des sources au sujet du « Dies Domini », RDC 69/2, 2019, p. 261-296.

La question du Dies Domini et du repos dominical s’inscrit dans une longue tradition de l’Église catholique romaine, qui a depuis toujours manifesté son attachement à la participation à la messe dominicale et à l’observance du repos le Jour du Seigneur. Cependant, au 16e et au 17e siècles, de profondes mutations ont affecté le christianisme occidental. Avec le renouveau de la Réforme protestante et les évolutions ecclésiales et sociétales sous-jacentes, le rapport au commandement de l’Église concernant le dimanche et la sanctification des jours de fêtes a changé. La pensée protestante a en effet accordé à l’individu une plus grande latitude pour se régénérer en corps et en esprit. Dans ce contexte, l’étude envisage l’aggiornamento en faveur d’un jour pivot comme « Jour pour les Hommes », qui révèle une tradition vivante non seulement de valeur canonique, mais aussi en tant que témoignage de son importance dans le dialogue œcuménique.

François Gendron, Le Christ et la femme adultère : une lecture juridique, RDC 69/2, 2019, p. 297-302.

Le récit du Christ et de la femme adultère est la première illustration connue d’un principe consacré par la pratique judiciaire contemporaine, principe qui interdit d’utiliser la loi et les tribunaux à des fins étrangères à la justice.

Laura Viaut, Les manuscrits de droit canonique de l’abbaye Saint-Martial de Limoges (9e-11e siècle), RDC 69/2, 2019, p. 307-320.

La diffusion et la circulation des collections canoniques du premier Moyen Âge sont assez méconnues. L’histoire des bibliothèques est, en effet, assez peu documentée, tant les sources sont rares. L’abbaye Saint-Martial de Limoges échappe cependant à ce constat. Ses nombreux catalogues permettent de reconstituer l’état initial de sa bibliothèque et d’appréhender les mouvements de diffusion et de circulation des manuscrits canoniques.

Frédérique Cahu, La production des manuscrits des Décrétales de Grégoire IX en Italie. Quelques spécificités en matière d’histoire du livre, RDC 69/2, 2019, p. 321-331.

Promulguée en 1234, la collection des Décrétales de Grégoire IX a été diffusée principalement dans les centres universitaires aux XIIIe et XIVe siècles. Le dépouillement systématique des catalogues de manuscrits des bibliothèques a permis de recenser un corpus signifiant et de mettre en relief des spécificités en matière d’histoire du livre dans la production italienne. Outre des noms de copiste et d’enlumineur, nous avons aussi identifié des singularités dans la tradition du texte dogmatique, la mention des pecia et l’identité des possesseurs.

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Grigorios D. Papathomas, An Orthodox Consideration on the Legislative oeuvre of Pope François, RDC 69/2, 2019, p. 189-208.

In this beginning of the 3rd millennium, the Pope François presented a significant legislative oeuvre during the first five years of His Pontificate (2013-18). This present document wishes to approach briefly this pontifical legislative oeuvre from one Orthodox point of view, according to the Canonislation of the 1st millennium, upon the Canonical Legislation of the Roman Catholic Church of the 2nd millennium. Indeed, since the beginning of His Pontificate in 2013, the Pope François displayed a solid and constant will to legislate under a progressive perspective of the ecclesial life and to promote certain structural and profound reformations as well as hypostatic ones within the Roman Catholic Church, specifically concerning some aspects of Her internal life as well as other aspects, which draw along ecclesio-canonical consequences within the frame of Her relationships with the other Churches. However, taking under consideration the immense field of the investigation on this relevant matter, the present work, without pretending being exhausted, will approach especially two distinguished questions related to the significant legislative oeuvre of the Pope: from one part, the Marriage and the Family, from the other part, the Ecclesial Synodality. Certainly, the first question forms an internal matter in priority, while the second one has evident, immediate and straight repercussions within the space of the Ecumenical Relationships among the Churches and the whole Ecumene.

Benoît Pigé, Rethinking the governance of Catholic parishes, RDC 69/2, 2019, p. 209-228.

While the catholic legislation recognizes the priority of the Catholics’ community as a constitutive factor of a parish, canon law seems to close any discussion about the governance structure of parishes by designating the parish priest as the holder of sacramental and organizational power under the authority of the bishop. An approach based on the contractual theory of organizations offers a different vision of the issues of parish governance. While agency theory (dominant in the financial studies of organizations) is fairly easy to apply to the catholic model, stakeholder alternative theory sheds light on the organization’s relations with its stakeholders. The experience of the diocese of Poitiers in the 1990s and 2000s showed that it was possible to design and operate a different organizational model where the priest loses his office of « curé » (in the sense of leader) of the parish to become guarantor of the Catholic communities’ communion in the diocesan Church. This impacts the conception of the role of bishop, no longer primarily patron of an organization but above all responsible for the communion of Catholic communities and for the communion of his diocesan Church with the universal Church.

Pierre-Marie Berthe, The Church in France faced with the prohibition of gatherings in places of worship on sanitary grounds : the question of Mass at home, RDC 69/2, 2019, p. 229-260.

From 11th to 24th May 2020, after the lockdown forced upon the French population had ended, while gatherings remained prohibited in places of worship due to the sanitary crisis, French bishops adopted different approaches within their dioceses. Whereas some of them allowed the priests to celebrate Mass in family circles or private places for small numbers of brethrens, others opposed it. The evolution of rules concerning the place of celebration, sanctioned by Canon 932 §1 of the 1983 Code of Canon Law, clarifies these two attitudes. The following contribution assesses the pastoral motives which led some priests to organize Masses for the faithful outside churches, but also the dangers of such a practice with respect to the common good of the Church.

Christian Wehking, Sunday Rest and its evangelical perception during the Period of the Reformation. A Franco-German approach to the sources about the « Dies Domini », RDC 69/2, 2019, p. 261-296.

The issue of Dies Domini and Sunday Rest is part of a long tradition of the Roman Catholic Church, which has always shown its attachment to participation in Sunday Mass and to the observance of the Lord’s Day Rest. However, in the 16th and 17th centuries, profound changes affected Western Christianity. With the revival of the Protestant Reformation and the underlying ecclesial and societal developments, the relationship to Church command regarding Sunday and the sanctification of feast days has changed. Protestant thought has in fact granted faithfuls greater latitude to regenerate himself in body and mind. In this context, the study deals with the aggiornamento in favor of a pivotal day as « Day for Men », which reveals a living tradition not only of canonical value, but also as a testimony of its importance in ecumenical dialogue.

François Gendron, Christ and the Adulterous Woman: A Legal Approach, RDC 69/2, 2019, p. 297-302.

The story of Christ and the woman taken in adultery is the first known account of an established principle in contemporary law, principle that forbids the use of courts for purposes contrary to justice.

Laura Viaut, Canon law manuscripts of the Abbey Saint-Martial of Limoges (9th-11th century), RDC 69/2, 2019, p. 307-320.

The dissemination and circulation of canonical collections from the first Middle Ages are not well known. The history of libraries is, in fact, poorly documented, as the sources are so scarce. The Abbey of Saint-Martial in Limoges, however, escapes this observation. Its numerous catalogs allow us to reconstruct the initial state of its library and to apprehend the movements of diffusion and circulation of canonical manuscripts.

Frédérique Cahu, he production of the manuscripts of Gregorius IX’s Decretales in Italy. Some peculiarities in the history of the book, RDC 69/2, 2019, p. 321-331.

Published in 1234, the collection of Gregorius IX’s Decretals was mainly produced in the teaching centers during the 13th and 14th centuries. The study of libraries’s catalogues was the opportunity to list a relevant corpus of Liber Extra’s manuscripts kept in the world and to underline some specificities in book’s history in the italian production. We found names of copists and illuminators, but we also identified singularities in the transmission of the text, the mention of pecia and the identity of the owners.