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Mariage, Histoire, ( t. 57/2, 2007)

RÉSUMÉS

Sommaire _ english summaries

 

Jean Werckmeister, Le motu proprio « Omnium in mentem » et le mariage des ex-catholiques, RDC 57/2, p. 241-254.


Le motu proprio Omnium in mentem supprime du Code de 1983 les conséquences du droit de « quitter l’Église catholique ». Les ex-catholiques sont désormais soumis à toutes les lois catholi­ques, y compris l’obli­ga­tion de se marier selon la forme canonique. Les raisons invoquées sont techniques ou pastorales. Mais ces nouvelles dispositions posent autant de problèmes qu’elles n’en résolvent. Il s’agit d’une régression du point de vue des droits de l’homme et de l’œcumé­nisme. En outre, on voit mal quelle effica­cité auront ces nouvelles règles.

 

 

Claudius Luterbacher-Maineri, « Quitter l’église » dans le diocèse de saint-Gall : quelles conséquences pour le droit matri­mo­nial ?, RDC 57/2, p. 255-276.


Tous les ans, de nombreux Suisses déclarent leur « sortie de l’Église catholique ». Si cette décision peut suggérer une volonté d’apostasie ou de schisme, elle est, en réalité, motivée par le désir de ne plus payer les impôts d’église. Cette séparation pose alors le problème du statut de la personne sortante par rapport à l’insti­tution religieuse. En particulier, ces ex-fidèles ont-ils encore droit aux sacrements, tels que le mariage ?

 

 

Nicolas Kilgus, La formation par étapes du lien matrimonial en droit canonique et en droit français, RDC 57/2, p. 277-298.


Le droit canonique, puis le code civil français, ont défini juridi­que­ment le mariage. Ces deux types de droit montrent le caractère évolutif, construit et réfléchi de cette institution. Ils l’articulent autour de la notion de consentement, mais aussi de la nature pu­blique de cet état de vie conjugal. Ils en fixent les droits et les devoirs qui en découlent pour chaque partenaire.

 

 

Charles Munier, À propos de Louis de Dabo, comes Alemanorum, aïeul du pape Léon IX, RDC 57/2, p. 299-336.


La généalogie du pape Léon IX (1049-1054) est assez bien connue du côté paternel : son père Hugues est un cousin de l’empereur germanique Conrad II. Mais elle reste discutée du côté maternel. Charles Munier réexamine l’hypothèse suivante : le grand-père maternel du pape, Louis de Dabo, est le fils de Renaud de Roucy, comte de Reims, proche parent par alliance du roi de France Louis IV. Or, ce Renaud de Roucy n’est autre que le chef normand Ragenold qui ravagea une partie de la Francia dans les années 920, avant de s’allier à Louis IV dont il épousa la belle-fille. Léon IX descend donc par sa mère d’un chef normand, son ar­rière-grand-père, allié à la famille royale française.

 

 

Rémy Lebrun, La communauté monastique selon les statuts de l’ordre des chartreux, RDC 57/2, p. 337-356.


Les décisions du concile Vatican II puis la promulgation du Code de 1983 ont rendu nécessaire des évolutions de la législation cartusienne. La nouvelle description de la « famille cartusienne », structurée en deux groupes (clercs et laïcs), est un exemple de l’influence de l’ecclésiologie conciliaire. Cette conception diffère de celle de l’exhortation apostolique Vita Consecrata et de celle du Code des canons des Églises orientales, qui distinguent trois grou­pes : clercs, religieux et laïcs.

 

 

Michel Graur, Fulbert de Chartres et les autorités civiles, RDC 57/2, p. 357-388.


Les nombreuses relations que Fulbert de Chartres lia avec des personnages publics connus et influents lui permirent d’acquérir une certaine notoriété, mais aussi d’accéder au statut de témoin privilégié de son temps. À travers la riche correspondance qu’il eut avec Guillaume d’Aquitaine, Foulques II Nerra ou encore Robert le Pieux, il perçut que l’Église ne pouvait accomplir sa mission sans l’appui des seigneurs féodaux. Il dressa ainsi le portrait d’une institution où les clercs de rang épiscopal disposaient d’importants privilèges politiques et d’une liberté de parole importante par rap­port aux autres classes sociales de l’époque.

 

 

Roland Sublon, L’impossible concordisme entre théologie et psycha­nalyse, RDC 57/2, p. 389-408.


Le concordisme cherche à concilier la foi et la science. Au Moyen Âge, une question débattue est celle de l’efficacité des mots ou virtus verborum : pour les uns, le pouvoir des mots est purement naturel, pour les autres, il est d’origine divine ou diabo­lique. À l’époque moderne, malgré la condamnation de Galilée en 1632, la science s’émancipe peu à peu de la théologie et acquiert son indépendance. Cependant, certains s’efforcent encore au­jourd’hui de prouver « scientifiquement » la justesse des Écritures saintes, par exemple par l’étude du Linceul de Turin. Un tel concordisme est-il possible entre la psychanalyse et la théologie ? La théorie psychanalytique elle-même interdit la référence à un « sens ultime » qu’il serait inutile d’interpréter.

 

 

Anne Bamberg, L’évêque face à la sainteté des sacrements. Loi et procédure concernant les délits les plus graves, RDC 57/2, p. 409-434.


Les graviora delicta ou délits les plus graves concernent les sa­crements de l’eucharistie et de la pénitence, ainsi que les délits contre les mœurs commis par un clerc avec une personne mi­neure. Le motu proprio Sacramentorum sanctitatis tutela réserve le jugement de ces délits à la Congrégation pour la doctrine de la foi et précise les normes applicables en la matière. La procédure, contraignante et délicate, est apte à assurer la protection de la sainteté des sacrements, mais aussi celle des droits du clerc accusé. L’auteur attire l’attention sur le rôle de l’évêque diocésain dans la réparation du scandale et sur sa sollicitude pastorale face aux vic­times d’abus sexuels.

 


Jean Werckmeister, The motu proprio “Omnium in mentem” and the marriage of ex-Catholics, RDC 57/2, p. 241-254.


The motu proprio Omnium in mentem removes from the Code of 1983 the consequences of the right to “leave the Catholic Church.” Ex-Catholics are now subject to all Catholic laws, in­cluding the obligation to marry in accordance with canon law. The reasons invoked are technical or pastoral. However these new provisions create as many problems than they solve. They represent a regression from the point of view of human rights and ecumen­ism. Furthermore, it is unclear how effective these new rules will be.

 

 

Claudius Luterbacher-Maineri, “Leaving the Church” in the diocese of Saint Gall: what consequences for marital law?, RDC 57/2, p. 255-276.


Every year, many Swiss officially “leave the Catholic Church.” While this decision may suggest a will to apostasy or schism, it is in fact motivated by the desire to stop paying Church taxes. This separation raises the question of the status of person who has left the Church in relation to the religious institution. In particular, are these ex-faithful still entitled to the sacraments, such as marriage?

 

 

Nicolas Kilgus, Forming marriage by stages in canon law and French law, RDC 57/2, p. 277-298.


Canon law and the French Civil Code have legally defined marriage. These two types of law display the evolving, established, and reflective nature of this institution. They articulate this via the concept of consent, but also through the public nature of this conjugal state of life. They set the laws and the duties entailed for each partner.

 

 

Charles Munier, About Louis de Dabo, comes Alemanorum, grandfather of Pope Leo IX, RDC 57/2 p. 299-336.


The genealogy of Pope Leo IX (1049-1054) is well-known on the paternal side: his father, Hughes was a cousin of the Holy Roman Emperor Conrad II. But the maternal side is still disputed. Charles Munier reviews the following hypothesis: the maternal grandfather of the pope, Louis de Dabo, is the son of Renaud de Roucy, Count of Rheims, a close relative by marriage of King Louis IV of France. But this Renaud de Roucy is none other than Norman leader Ragenold who ravaged part of Frankia in the 920s, prior to forming an alliance with Louis IV by marrying his step­daughter. Leo IX thus descends by his mother from a Norman chief, his great-grandfather, allied with the French royal family.

 

 

Rémy Lebrun, The monastic community under the statutes of the Carthusian Order, RDC 57/2, p. 337-356.


The decisions of Vatican II and the promulgation of the Code of 1983 necessitated changes in Carthusian legislation. The new description of the “Carthusian family,” divided into two groups (clergy and laity), is an example of the influence of conciliar eccle­siology. This design differs from that of the apostolic exhortation Vita Consecrata and the Code of Canons of the Eastern Churches, which distinguish three groups: clergy, religious and laity.

 

 

Michel Graur, Fulbert de Chartres and the civil authorities, RDC 57/2, p. 357-388.


The many relationships of Fulbert de Chartres with known and influential public figures enabled him to acquire a certain celebrity, but also to become the voice for his time. Through the rich corre­spondence he had with William of Aquitaine, Fulk II Nerra and Robert the Pious, he came to understand that the Church could not accomplish its mission without the support of the feudal lords. He thus pitched the idea of an institution where the Epis­copal clergy had important political privileges and freedom of speech with regard to other social classes of the era.

 

 

Roland Sublon, The impossible concordism between theology and psychoanalysis, RDC 57/2, p. 389-408.


Concordism seeks to reconcile faith and science. In the Middle Ages, one matter of debate was that of the power of words, or virtus verborum: for some, the power of words is purely natural, for others it is divine or diabolical. In modern times, despite the condemnation of Galileo in 1632, science gradually emancipated itself from theology and gained its independence. However, some still try to “scientifically” prove the accuracy of Scripture, for ex­ample by studying the Shroud of Turin. Is such a harmony possi­ble between psychoanalysis and theology? Psychoanalytic theory itself prohibits reference to an "ultimate meaning," which would be useless to interpret.

 

 

Anne Bamberg, The bishop faced with the sanctity of the sacraments. Law and procedure concerning the most serious offenses, RDC 57/2, p. 409-434.


The graviora delicta, the most serious offenses, involve the sacraments of the Eucharist and penance, as well as offenses against morality committed by a cleric with a minor. The motu proprio Sacramentorum sactitatis tutela reserves the trial of such crimes to the Congregation for the Doctrine of the Faith and specifies the applicable standards in this area. The procedure, binding and delicate, is able to protect the sanctity of the sacra­ments as well as the accused cleric’s rights. The author draws at­tention to the role of the diocesan bishop in the redress of the scandal and his pastoral concern for the victims of sexual abuse.

 

Translation: Marina Cassio

 

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