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L’enseignement du droit canonique, (t.61/1, 2011)  

RÉSUMÉS

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Jean Werckmeister, Histoire de l’enseignement du droit canonique, RDC 61/1, 2011, p. 9-20.


La périodisation de l’histoire de l’enseignement du droit canonique demeure indissociable de l’histoire de la science canonique elle-même. Il est ainsi difficile de parler d’enseignement du droit canonique au premier millénaire. Celui-ci ne se déploie véritablement qu’à la faveur du développement de la science canonique au Bas Moyen Age. La systématisation du droit canonique à partir du XVIe s. fera durablement évoluer le fond de l’enseignement de la discipline canonique.

 


Libero Gerosa, Le droit canonique : une discipline théologique ?, RDC 61/1, 2011, p. 21-42.


Le jusnaturalisme n’a-t-il pas éloigné le droit canonique de ses fondements théologiques ? La méthode juridique se perd parfois dans une exégèse des normes du Code, aux dépens de sa justification apologétique. Certaines écoles voient pourtant dans la déthéologisation du droit canonique sa planche de survie. Ne risque-t-on pas d’oublier alors ses deux principes sources : la communion et la foi ? S’il ne s’agit pas d’écarter totalement la méthode juridique, il faut se garder d’oublier que le droit canonique est avant tout interprétation du Mystère divin, troisième sommet du triangle tracé par Jean-Paul II dans son discours de promulgation du nouveau Code, aux côtés des Saintes Écritures et de la Tradition.

 


Elsa Forey, Le droit canonique : une discipline juridique ?, RDC 61/1, 2011, p. 43-56.


Le droit canonique n’est pas un système juridique au même titre que le droit positif ; le droit français ne lui reconnaît qu’une valeur scientifique sous couvert d’un vocabulaire non religieux : il le considère en quelque sorte comme une loi étrangère, qui nécessite des experts. Comment, en effet, faire la part, pour le juge étatique, entre le spirituel et le temporel, aux frontières parfois floues ? Le risque majeur pour l’Église est celui de la perte d’autonomie, quand une juridiction civile s’immisce à l’occasion d’un jugement dans le domaine spirituel. Le bon sens se trouve peut-être dans le compromis actuel, puisque le droit canonique et le droit civil poursuivent des objectifs différents, et qu’ils ne sauraient s’interpréter de manière analogue.

 


Gianfranco Guirlanda, L’enseignement du droit canonique dans les universités et facultés pontificales ecclésiastiques, RDC 61/1, 2011, p. 57-80.


Les textes du Magistère n’ont eu de cesse de rappeler, depuis Vatican II, que le droit canonique s’inscrit dans le Mystère de l’Église, et qu’en ce sens, il est nécessaire à la formation des futurs clercs. Les réformes successives, dont le décret Novo Codice de 2002, ont visé à recentrer l’enseignement du droit canonique sur sa source théologique - alors qu’il prenait une tournure surtout juridique -, et à mieux former les futurs membres des tribunaux ecclésiastiques et des curies diocésaines. Une réforme ne s’accomplit pas sans douleur : celle-ci est confrontée à la question économique et à l’augmentation de la charge de travail des prêtres, déjà en situation de pénurie. Mais les réformes sont surtout l’occasion de rappeler que le droit canonique est un « droit dogmatique » : à ce titre, il doit être interprété à la lumière de l’Évangile, et doit toujours se fonder sur la réflexion théologique.

 


Rik Torfs, L’enseignement du droit canonique en Europe, RDC 61/1, 2012, p. 81-95.


Faut-il s’inquiéter du nombre de Facultés de droit canonique en Europe, dont la production est parfois insuffisante ? Le canoniste est-il un juriste ou un théologien ? Ces questions interrogent le Magistère et les spécialistes de la discipline, d’autant plus que le droit canonique doit lui aussi affronter la mondialisation et son corollaire, le scepticisme, qui conduit à enseigner de plus en plus les sciences exactes. Le droit canonique d’après Vatican II cherche sa place au 21e siècle : alors que l’Université est réformée, il est lui-même en évolution, et de nouvelles méthodes interprétatives voient le jour. Encore faut-il qu’elles ne soient pas seulement des trompe-l’œil destinés à combler un vide.

 


John Beal, L’enseignement du droit canonique en Amérique du Nord, RDC 61/1, 2011, p. 97-105.


En Amérique du Nord, seules deux Facultés enseignent le droit canonique. Les séminaires, eux, ne paraissent pas toujours enthousiastes à l’idée d’ajouter le droit canonique à leur programme. D’une manière générale, on assiste à une diminution du nombre d’étudiants, notamment de doctorants, due en partie à l’allongement de la durée de la formation. L’intérêt principal est porté sur les sacrements, notamment le mariage : les futurs ministres recherchent une aide pratique dans leurs relations avec les paroissiens ; d’où un enseignement orienté vers la pastorale et non vers l’interprétation. Il faut compter également sur l’influence du réalisme juridique américain, selon lequel le juge s’appuie sur les faits quitte à adapter le droit. Le droit canonique américain n’échappe pas à ces arrangements…

 


Marc Aoun, L’enseignement du droit canonique dans une université publique en France, RDC 61/1, 2011, p. 107-129.


Le droit canonique est enseigné à Strasbourg depuis 1702. Son histoire s’inscrit dans le parcours tourmenté de l’Alsace, depuis la Révolution jusqu’aux dernières guerres. La vocation particulière de l’Institut de droit canonique, fondé en 1920 au sein de la Faculté de théologie catholique de l’Université de Strasbourg, tient au choix innovant d’associer droit canonique positif et histoire du droit et des institutions de l’Église. A partir des années 1970, les programmes se diversifient à la lumière du Concile Vatican II et de la promulgation par la suite du nouveau Code de droit canonique en 1983. L’Institut de droit canonique dispense un enseignement conforme aux exigences scientifiques propre à ce type de formation, aussi bien celles fixées par l’Université française que celles découlant des textes canoniques en vigueur, en particulier le Décret Novo Codice.

 


Marco Ventura, Un droit canonique critique ? Origines, déclin et perspectives de l’école laïque italienne, RDC 61/1, 2011, p. 131-155.


L’histoire du droit canonique en Italie est marquée par les relations tendues entre l’Église et l’État. L’école canoniste italienne n’a pas échappé à la sécularisation et à la confrontation avec le positivisme du 19e siècle. L’étude du droit canonique doit son retour au réchauffement des relations entre le gouvernement mussolinien et l’Église catholique, qui a abouti au pacte du Latran en 1929. Une certaine anarchie doctrinale suivra, voire un anti-canonisme, qui paradoxalement seront les acteurs critiques d’un renouveau interprétatif du droit canonique, qui subissait jusque-là l’influence du positivisme juridique. Dans cette lutte pour la survie d’un droit canonique autonome, l’école laïque italienne mènera les débats en tentant, après Vatican II, d’apporter de nouvelles solutions, notamment comparatives. A cet égard, le destin de l’école laïque italienne peut se généraliser à toutes les écoles de droit canonique du 20e siècle.

 


Edoardo Dieni, De l’épistémologie à l’ontologie du droit canonique, RDC 61/1, 2011, p. 157-169.


C’est tout le paradoxe du droit canonique : comment concilier ses multiples sources : Écriture, Tradition, Expérience, Magistère, Foi, Raison ? Le droit canonique repose certes sur l’expérience de vie des fidèles et sur une application méthodique du droit ; cependant, son abstraction conduit aussi à des interprétations métaphoriques. C’est toute la difficulté de classer le droit canonique, qui s’appuie à la fois sur une science profane (le droit) et sur une science sacrée (la foi et ses manifestations tant irrationnelles que dogmatiques). Comme science, il doit être soumis à la critique ; comme émanation de la Tradition, son interprétation doit faire l’objet d’une autorisation. Le droit canonique doit-il alors tendre vers une désacralisation pour revendiquer le nom de science, ou doit-il au contraire gagner en autonomie pour conserver intacte une ontologie propre ? C’est tout l’enjeu du débat.

 


Jean Werckmeister, A History of Teaching Canon Law, RDC 61/1, 2011, p. 9-20.


Canonical science cannot be separated from the periodiation of the history of teaching canon law. It is therefore rather difficult to describe this teaching before the second millenium, since canonical teaching only flourished with the growth of canonical science itself in the hight and late Middle Ages. As canonical law becomes systematized from the XVIth century on, the basis of its teaching  evolved accordingly for a long while.

 


Libero Gerosa, Canon Law: A Theological Discipline?, RDC 61/1, 2011, p. 21-42.


Has canonical law drifted away from its thelological foundations because of jusnaturalism ? More often than not, the juridical method gets lost in an exegesis of the code’s regulations, to the expense of the apologetical justification. However, some schools see in the detheologisation of canon law its salvation. Are we not at risk to forget its two principal sources : communion and faith ? This is not a matter of a discarding the juridical method, rather of not forgetting that canon law is above all an interpretation of the divine Mystery. It is the third corner, along the Scriptures and Tradition of a triangle drawn by John-Paul II in his discource of promulgation of the new Code.

 


Elsa Forey,Canon Law: A Legal Discipline?, RDC 61/1, 2011, p. 43-56.


Canonical law doesn’t constitute a juridical system akin to positive law ; French law only acknowledges a sccientifical value in the guise of a non religious vocabulary : it is thus considered as a foriegin law that requieres experts. How is the state judge suppose to sort out what belongs to the spiritual and temporal, given that their boundaries can be sometimes blurry ? There is a major risk of loosing its autonomy for the Church, when a civil jurisdiction has to deal with the Spiritual in a jugdement. Common sense lays mybe in the present compromise since canonical law and civil law pursue different objectives, and they cannot be quiet interpreted in the same fashion.

 


Gianfranco Guirlanda, The Teaching of Canon Law in Pontifical Ecclesiastical Faculties and Universities, RDC 61/1, 2011, p. 57-80.

 

Since Vatican II, the texts edicted by the Magisterium have stated, time after time, that canon law is part of the Church’s Mystery, and that, in this respect, it is a compulsory part of the clerical cursus. The successive reforms, notably the decrete Novo Codice (2002), all throve to establish canonical teaching within its theological background – inspite of its growing juridical shape –, and to train better future memebers of the ecclesiastical tribunals and of diocesan courts. A reform is not achieved without pain : this one is challenged by the economical question and the priests’ expanding workload in a context of plummeting figures. However, the reforms are above all an occasion to remind that canon law is a « dogmatic law », and, thus, has to be interpreted in the light of the Gospel and to be based upon theology.

 

 

Rik Torfs, The Teaching of Canon Law in Europe, RDC 61/1, 2012, p. 81-95.


Should we worry about the number of canon law faculties across Europe which literary production is sometimes scarce ? Is the canonist a theologian or a jurist ? These are issues for the magisterium as much as for the specialist. So much more that canon law as well is exposed to globalisation and its corollary, scepticism, which leads to give more weight to hard sciences. Post Vatican II canon law thrives to find its place in the XXIth century : while university is subjected to many changes, it is itself under a deep evolution, as new methods of interpretation are called forth. It is to be hoped that they are not trompe l’œil, designed to fill the void.

 


John Beal, The Teaching of Canon Law in North America, RDC 61/1, 2011, p. 97-105.


In Northern America, there are only two faculties where canon law is taught. Seminaries, on the other hand, don’t seem to be very enthusiastic at the idea of adding canon law to their cursus. As a rule, the number of students shrinks, particularly of doctorants, notably because of the increased length of theses studies. Sacraments, notably marriage, get more attention. Ministers to be seek to be helped in a practical way in their relation with their parishioners ; hence the focus on pastoral instead on interpretation. The weight of American juridical realism, according to which the judge bases himself on the facts up to the point of adaptating the law to the facts, has also to be acknowldeged. American canon law does not escape these compromises…

 


Marc Aoun, The Teaching of Canon Law at a Public University in France, RDC 61/1, 2011, p. 107-129.


Canonical law is taught in Strasbourg since 1702. It’s history is bounded to Alsacian troubled destiny, from the Revolution to the more recent wars. The particular vocation of the Canon Law Institute, founded in 1920 within the University of Strasbourg’s Theological Faculty, pertains to the innovative choice made to associate positive canon law and history of law and of ecclesiastical institutions. Since the seventies, teachings have diversified in the wake of the Second Vatican Council and of the promulgation of the 1983 Code. Lectures at the The Canon Law Institute are in conformity with the scientifical requirements particular to this kind of teaching: that is to say, the French university’s just as much as the requirements pertaining to the present canonical rules, notably the Decretum Novo Codice.

 


Marco Ventura,A Critical Canon Law? Origins, Decline and Prospects of the Italian Secular School, RDC 61/1, 2011, p. 131-155.


The history of canon law in Italy bears the mark of the strained Church and state reationship. The Italian canonical school could not avoid secularisation and the confrontation with XIXth century positivism. Canon law studies owe their come back to the improved relationship of the Mussolinian regime and the Church, which lead to the 1929 Latran agreements. Some kind of a doctrinal anarchy, up to the point of some kind of anti-canonism, would follow. They will become paradoxicaly the critical actors of an interpretative renewal of canon law. Amid, this struggle for an autonomous canonical law, the Italian secular school of canon law will show the way : thriving to bring forth new solutions, notably comparative, in the wake of Vatican II. In this respect, the destiny of the Italian secular school of canon law may be expanded to all the other XXth century canon law schools.

 


Edoardo Dieni, From the Epistemology to the Ontology of Canon Law, RDC 61/1, 2011, p. 157-169.

Here lays the paradox of canon law : how can the its various sources be combined, Scriptures, Tradition, practical knowledge, Magisterium, faith, reason ? Indeed canon law is grounded upon the life expercience of the faithful and upon a methodical juridical abstraction. However this very abstraction leads to metaphorical interpretations. Hence the difficulty to classify canon law, because of its twofold background, secular science on one hand (law), sacred on the other (faith and its both irrational and dogmatic manifestations). As a science, it is subjected to critical analysis, as a product of Tradition, its interpretation is subjected to hierarchical authority. Is canon law to be secularised in order to gain the status of a science, or should it become more autonomous to preserve its caracteristic ontology ? It is the heart of the matter.

 

 

rdc@unistra.fr

 

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