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La Vérité, (n° 62/2, 2012)  

RÉSUMÉS

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René Heyer, La question de Pilate. La vérité dans le commentaire johannique de Roland Sublon, RDC 62/2, 2012, p. 237-247.

«Qu’est-ce que la vérité?». La question de Pilate dans le quatrième évangile traverse l’ensemble de la lecture suivie qu’en a faite Roland Sublon. Un relevé thématique de l’occurrence de la vérité dans son livre montre que celle-ci n’est pas vue du côté du savoir, mais du sujet et de l’énonciation. Dans l’évangile selon Saint Jean, les Écritures viennent au lieu de l’énonciation. Cela ne veut pas dire que tout est écrit d’avance; la lecture est au contraire possible, et elle est requise comme témoignage.

 

Michèle Morgen, La «vérité» dans l’évangile de Jean, RDC 62/2, 2012, p. 249-274.

L’étude porte sur le terme de la «vérité» dans les écrits johanniques. À différents moments du quatrième évangile, Jésus dénonce le mensonge et fait éclater la vérité. La narration se déroule comme un étonnant procès où l’accusé est en définitive le Juge; les chapitres sur les controverses et le récit de la passion développent largement ce renversant scénario qui détermine la foi comme un «faire la vérité». En finale de son exposé, l’auteur suggère de réfléchir à la notion de «référence» où la vérité, relation à Quelqu’un, s’entend comme fidélité de route. Proclamée en porche d’entrée de l’évangile, la gracieuse vérité en Jésus-Christ (Jn 1, 14. 16-17) devient norme pour le croyant, exigence d’une vigilance constante de l’agapè dans la recherche de la vérité.

 

Pier V. Aimoné, «Quia per plures veritas melius inquiritur»: le principe majoritaire dans la conception des Décrétalistes, RDC 62/2, 2012, p. 275-303.

Dans cette étude est examinée la question de la recherche de la vérité dans les décisions et les élections canoniques au 13e siècle. Etant donné que la vérité ne dépend pas de la quantité mais de la qualité, la loi du nombre (seulement quantitative) est considérée comme insuffisante pour rejoindre la vérité, à laquelle toute décision doit parvenir. La major pars n’est donc pas le seul critère à être valable pour arriver à la décision/élection canonique. La sanior pars est aussi nécessaire. Cependant dans certains cas spécifiques (en particulier dans l’élection du pape), il n’est pas possible de faire abstraction du principe de la majorité. Mais dans ce cas aussi, la vérité doit être recherchée et selon la doctrine soutenue par Sinibaldus Fliscus (Innocent IV), la vérité est plus facilement atteinte si plusieurs personnes trouvent un accord pour la décision à prendre: per plures veritas melius inquiritur.

 

Alphonse Ky-Zerbo, Obligations et droits de tous les hommes vis-à-vis de la vérité dans le Livre III du Code de droit canonique de 1983, RDC 62/2, 2012, p. 305-329.

L’église affirme l’obligation, voire le droit de tout homme à chercher «la vérité en ce qui concerne Dieu et son Église» (c. 748, §1). En même temps, elle interdit de contraindre quiconque à adhérer à la foi catholique (c. 748, §2), revendiquant ainsi auprès de toute organisation sociale humaine la liberté religieuse et l’autonomie de la conscience humaine. Toutefois, la contradiction entre ces deux positions n’est qu’apparente. En effet, l’église se reconnaît toujours la mission de faire connaître la vérité à tous les hommes et de donner les moyens à ceux qui l’ont connue d’y rester fidèles et de la servir de façon libre et légitime.

 

Anne Bamberg, «Pro rei veritate!»Pratique judiciaire canonique et recherche de la vérité, RDC 62/2, 2012, p. 331-347.

S’appuyant sur les allocutions annuelles du Souverain Pontife à la Rote romaine, l’étude montre comment l’instruction Dignitas connubii, en explicitant le Code de droit canonique, favorise réellement la recherche de la vérité autour du fait objectif de la validité ou de la nullité du mariage. Les parties comme les ministres du tribunal sont invités à contribuer activement, chacun dans sa fonction propre mais toujours de manière sereine et charitable, à la protection de la vérité.

 

Marcel Metzger, Reconnaître la vérité dans la procédure en nullité de mariage, RDC 62/2, 2012, p. 349-378.

Dans l’appel à «faire la vérité» en Église, le traitement des divorcés remariés est une des affaires les plus épineuses, et dont les solutions inscrites dans le droit canonique se révèlent inadaptées. La procédure en nullité est perçue comme un divorce de fait, accordé de façon aléatoire. Or, dans nos sociétés occidentales, les pratiques relatives au mariage et à la famille ont évolué de façon considérable, comme l’ont reconnu les enquêtes préalables au prochain synode (prévu pour octobre 2014). Les pasteurs de l’Église catholique se trouvent devant des situations absolument nouvelles, pour lesquelles des normes canoniques mieux adaptées doivent impérativement être mises en place. La présente contribution propose des orientations pratiques plus conformes aux situations des personnes, tant pour la célébration du mariage que pour l’accueil pastoral des divorcés, dans une perspective de conversion.

 

Jean-Luc Hiebel, Vérité, droit canonique et théologie pastorale, RDC 62/2, 2012, p. 379-408.

Le droit canonique est censé protéger la vérité sans la définir, sauf à rappeler qu’elle est révélée. Mais quelle vérité? Celle qui s’offre sans contrainte au service d’une vie raisonnable et qui serait trahie par la pensée occidentale selon Benoît XVI à Ratisbonne? Un exemple: le droit naturel du mariage qui s’était progressivement imposé comme référence intellectuelle et morale incontournable est aujourd’hui en débat. Le mariage est-il fondé sur une vérité objective ou sur une vérité «approximative», comme le suggèrent des philosophies plus récentes? Quelques commentaires de canons essentiels du droit matrimonial canonique latin rencontrent ici les questions posées par la pratique pastorale.

 

Delphine Viellard, Le latin dans l’histoire de l’Église catholique: la langue de la vérité?, RDC 62/2, 2012, p. 409-425.

Dans cet article, l’auteur s’interroge sur le rapport entre langue latine et vérité dans l’Église catholique. Alors que le latin n’était pas la langue originelle du christianisme, il devint au Concile de Trente la langue d’autorité aussi bien pour le dogme que pour les traductions des Écritures. C’est plus encore en droit canonique qu’il est perçu comme la langue de la vérité : langue légitime du droit en général, le latin devint, à partir du 5e siècle, la langue véhiculaire du droit canonique. Les Codes de 1917, puis de 1983, et aussi le Code oriental de 1990 furent rédigés en latin.

 


René Heyer, The question of Pilate. Truth in Roland Sublon’s commentary of John, RDC 62/2, 2012, p. 237-247.

“What is truth? Pilate’s question, as recorded in the Fourth Gospel, is the background of the whole of Roland Sublon’s commentary. A thematic survey of the occurrence of this word shows truth to stand not with knowledge, but with subject and enunciation. In John’s Gospel, the Scriptures take the place of enunciation. This doesn’t mean everything is written in advance; on the contrary reading is possible, and is required as a testimony.

 

Michèle Morgen, “Truth” in the Gospel of John, RDC 62/2, 2012, p. 249-274.

The study deals with the term truth within the Johannine writing. At time, Jesus condemns lie and lets the truth be known. The narrative unfolds as paradoxical trial where the Judge stands as the accused. The chapters on the controversies and the Passion narrative elaborate on this ironic scenario that determines faith as “truth making. The conclusion of this paper invites to meditate upon the notion of “referencewhere the truth –as relationship to Someone– is to be understand as a fidelity to the way. Proclaimed as an entry porch of the Gospel, the gracious truth in Jesus Christ (Jn 1, 14. 16-17) becomes normative to the faithful, a call for a constant vigilance to the agape in the search of truth.

 

Pier V. Aimoné, “Quia per plures veritas melius inquiritur”: the majority principle according to the Decretalists, RDC 62/2, 2012, p. 275-303.

This article studies the issue of establishing the truth within canonical decisions and elections in the thirteenth century. Considering truth does not depend upon quantity but upon quality, the former does not suffice to establish the truth towards which all decision should tend. Thus, the major pars isn’t the sole valid criterium to follow towards a canonical decision or election. The sanior pars is also necessary. However, in some cases (notably the papal election), the majority principle cannot be done away with, although even in this case truth has to be seeked. According to Sinibaldus Fliscus (Innocent IV), truth is easier to obtain if several persons agree to the same decision: per plures veritas melius inquiritur.

 

Alphonse Ky-Zerbo, Obligations and rights of every men towards truth in the Book III of the 1983 Code of Canon Law, RDC 62/2, 2012, p. 305-329.

The Church states the obligation, indeed the right, of every man to seek “the truth regarding God and the Church” (c. 748, §1), as much as it forbids to coerce anyone to subscribe to the Catholic faith (c. 748, §2). It claims thus religious freedom and the autonomy of the human conscience from every human social organisation. However, the contradiction is only superficial. The Church has never ceased to proclaim its mission of making the truth known to every man and to allow those who have known the truth to remain faithful to it and to serve it in a free and legitimate way.

 

Anne Bamberg, “Pro rei veritate!” Canonical judiciary practice and seeking the truth, RDC 62/2, 2012, p. 331-347.

This study, based on the annual addresses of the Roman Pontiff to the Rota, shows how the instruction Dignitas connubii, that explains the Code of Canon Law, really enhances seeking the truth regarding the marriage’s validity or nullity. Parties and ministers of the tribunal are invited to contribute actively to protect the truth, in accordance with each one’s function, and always in a charitable and peaceful fashion.

 


Marcel Metzger, Acknowledging the truth within the procedure of declaration of nullity of marriage, RDC 62/2, 2012, p. 349-378.

In the call to “make the truth” within the Church, the behaviour of the divorced remarried is one of the most delicate subjects, and one to which the solutions offered by the Canon Law are found wanting. The procedure of nullity is perceived as a de facto divorce, granted randomly. Meanwhile, within our Western societies, the practices relative to the marriage and family evolved in a considerable way, as is acknowledged by the surveys made before the coming synod (expected in October 2014). The pastors of the Catholic Church are confronted to situations that are absolutely new to them, and to which better suited canonical norms need to be implemented. This paper offers practical orientations that is more adapted to the real situations of people, for the celebration of marriage as much as for pastoral welcoming of divorced remarried in a conversion perspective.

 

Jean-Luc Hiebel, Truth, Canon Law and pastoral Theology, RDC 62/2, 2012, p. 379-408.

Canon law is supposed to protect the truth without defining it, but for its revealed nature. But which truth? The one that is offered without constraints to foster a life led in accordance with reason and which is let down by Western thinking, according to Benedict XVI in his Regensburg address? For example, the natural law of marriage, which progressively became a major intellectual reference, is today a debated issue. Is marriage grounded on an objective truth or on an “approximate” truth as is suggested by more recent philosophies? Several essential canons of the matrimonial Latin canon law meet the questions asked by the pastoral reality.

 

Delphine Viellard, Latin in the course of the Catholic Church history: the language of truth?, RDC 62/2, 2012, p. 409-425.

The paper questions the relationship between Latin and truth in the Catholic Church. Although Latin wasn’t the original language of Christianity, the Council of Trent made it the authoritative language of dogma and of the biblical translation. This is even truer of Canon Law: the legitimate language of the law in general, it has become the lingua franca of Canon Law from the fifth century on. The 1917 and 1983 Codes, and even the 1990 Oriental Code, are all written in Latin.

 

rdc@unistra.fr

 

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