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Les vœux religieux. Histoire et actualité, (n° 65/1, 2015)  

RÉSUMÉS

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Marcel Metzger, Les vœux religieux dans la documentation canonique des premiers siècles, RDC 65/1, 2015, p. 13-27.

La pratique des vœux, qui caractérise les états de vie monastiques et religieux, n’apparaît que de façon très discrète dans la documentation du christianisme des quatre premiers siècles. Cependant, le Nouveau Testament, surtout l’apôtre Paul, puis les Pères de l’Église (Ignace, Justin, Tertullien et autres) ont multiplié les recommandations et les écrits pour encadrer le célibat, la virginité et le veuvage, comme états de vie stables, choisis au nom de la foi en Christ. Toutefois, il s’agit le plus souvent d’ouvrages de spiritualité et d’apologétique. Seuls les règlements ecclésiastiques (Didascalie, Constitutions apostoliques, Canons de saint Basile) font mention explicitement des vœux liés à ces états de vie pour en assurer l’observance et sanctionner les manquements.

Marc Aoun, L’engagement monastique dans l’histoire de la vie religieuse en Orient, RDC 65/1, 2015, p. 29-42.

L’engagement dans la vie monastique représentait dans l’Orient chrétien antique et médiéval un moyen de perfectionnement spirituel librement choisi et vécu, dégagé de tout cadre juridique contraignant. Les vœux en particulier y étaient inconnus. La pratique de ces derniers ne devient effective qu’à partir du 17e siècle, à la faveur de l’influence grandissante de la discipline latine sur le droit et les institutions des Églises orientales catholiques.

Rémy Lebrun, Profession et consécration: les vœux des convers cisterciens, RDC 65/1, 2015, p. 43-58.

Pour que les moines puissent vivre très exactement selon la Règle de saint Benoît et demeurer à l’intérieur de la clôture, les premiers cisterciens ont reçu des convers, sujets laïcs ayant le caractère de «frères extérieurs». La profession de ces derniers se différencie de celle des moines et introduit un changement du rite, qui manifeste un déplacement de l’accent, de la notion de consécration vers la notion de contrat, et se trouve à l’origine de la distinction, toujours actuelle, entre profession et vœux religieux.

Jeanne-Marie Tuffery-Andrieu, Les vœux: un enjeu pour la définition de l’état de vie religieuse, du Concile de Trente au Code de 1917, RDC 65/1, 2015, p. 59-88.

Depuis le Concile de Trente et jusqu’à la fin du 19e s., le Magistère de l’Église tente de mieux définir les vœux solennels et les vœux simples, de sorte qu’ensemble ils deviennent la porte de la «vie consacrée». Aussi, durant cette longue période se distinguent deux étapes: la première affirme la volonté de l’Église de voir reconnus comme seuls vœux créant l’état de vie religieuse les vœux solennels, la seconde est le lieu de l’adaptation canonique à la réalité théologique des charismes, faisant des conseils évangéliques, quelle que soit leur forme, la source de la vie religieuse.

Catherine Maire, Les vœux religieux au prisme des relations Église-État au siècle des Lumières, RDC 65/1, 2015, p. 89-107.

L’article étudie les deux importantes controverses autour des vœux de religion qui scandent la seconde moitié du siècle des Lumières en France. Ces discussions publiques accompagnent deux événements: la campagne des parlements contre les constitutions des Jésuites, suivie de leur expulsion en 1764, et la réforme mise en œuvre par la Commission des Réguliers, à partir de 1766, relative notamment à l’âge des vœux. Elles illustrent la montée d’une interrogation sur le sens de l’état religieux dans la société, à propos d’abord d’un cas particulier, celui de la Compagnie de Jésus, puis à propos de la vie conventuelle en général, de la clôture et de la mort civile qu’elle implique. Elles ont des racines qui plongent chez les juristes gallicans au 17e siècle et auront des répercussions importantes pendant la Révolution française.


Marta Peguera Poch, Le droit français et les vœux religieux (1790-1905), RDC 65/1, 2015, p. 109-142.

À partir de 1790, le législateur français ne reconnaît plus les vœux religieux et met un terme à leurs effets civils. Pourtant, le droit français ne peut les ignorer totalement car, si le législateur méconnaît les vœux, il n’en va pas de même pour les congrégations. Or, ces deux réalités sont indissociables. De ce fait, l’application des lois congréganistes, tolérantes ou hostiles selon les périodes, oblige le juge français à s’intéresser aux vœux, élément central de la vie religieuse.

Patrick Boinot, Vœux religieux et relations de travail: Quelle(s) qualification(s) juridique(s)?, RDC 65/1, 2015, p. 143-163.

Il y a un siècle, la vie religieuse en France était essentiellement fondée sur la religion catholique, dont l’influence était grande sur le système juridique. Mais les vœux religieux n’étaient pas reconnus par le droit étatique français. Pourtant, les tribunaux ont distingué activité spirituelle et relations de travail, en fondant leurs décisions sur l’engagement personnel des religieux, notamment le vœu d’obéissance, ou sur le cadre de l’exercice de leur activité, pour exclure ou admettre l’existence d’une relation de travail. Aujourd’hui, loi et jurisprudence ont abandonné la référence au prononcé des vœux religieux, sans toutefois porter atteinte à leur valeur canonique. L’engagement religieux constitue un fait qui relève du domaine privé affectant la relation des religieux et de leurs supérieurs. L’étude montre que le droit privé étatique en France s’est peu à peu affranchi de l’autorité canonique.

Anne Bamberg, Les vœux religieux dans le Code de droit canonique de 1983, RDC 65/1, 2015, p. 165-184.

Partant des évolutions de la vie religieuse au cours du 20e siècle comme de documents du Magistère ecclésiastique, l’étude montre le cheminement vers un nouveau plan et une révision du Code de droit canonique. Après l’examen d’une série de canons-clefs théologiques, elle insiste sur l’importance du vœu, acte du culte divin, et l’idée d’excellence évangélique qui imposent de veiller tout particulièrement à la vie consacrée.


Antoine Rajeh, Les vœux religieux dans le Code des canons des Églises orientales de 1990, RDC 65/1, 2015, p. 185-197.

Malgré les nombreuses similitudes entre les deux Codes, latin de 1983 et oriental de 1990, relativement à la vie religieuse, et plus particulièrement aux vœux religieux, plusieurs dispositions demeurent propres à l’un et l’autre Code. Les variantes s’expliquent en grande partie par l’existence de traditions monastiques et religieuses multiséculaires différentes en Occident et en Orient.

Germain Mbida, Les vœux de religion dans le contexte culturel africain. Enjeux et défis pour un droit ecclésial particulier, RDC 65/1, 2015, p. 199-217.

La pratique des vœux de religion en Afrique s’exprime dans un contexte de croissance numérique et d’expansion institutionnelle de l’Église catholique. La formation aux vœux et leur mise en œuvre en Afrique s’enracinent dans le Code de droit canonique de 1983 et dans les principaux documents du Magistère. Les difficultés actuelles dans la pratique des vœux en milieu africain viennent d’un manque de dialogue serein entre les exigences essentielles des «conseils» et les «fondamentaux» des cultures africaines.

Danielle Gauthier, Les vœux religieux face à une expérience de vie. D’une petite congrégation apostolique à l’«ermitage solidaire», RDC 65/1, 2015, p. 219-230.

Suite à des difficultés récurrentes dans la vie communautaire d’une petite congrégation apostolique, des religieuses découvrent au fil des ans un nouveau style de vie qu’elles qualifient d’«ermitage solidaire». Les aspects positifs de cette nouvelle vie les conduisent à poser un regard critique sur la vie religieuse traditionnelle et à interroger la manière de vivre les conseils évangéliques.

José Rodríguez Carballo, Les vœux religieux aujourd’hui, réalité et enjeux, RDC 65/1, 2015, p. 231-238.

Bien au-delà des difficultés indéniables auxquelles elle est confrontée et sur lesquelles l’Église doit pouvoir se pencher avec courage et énergie, la vie religieuse, caractérisée par la profession publique des conseils évangéliques et la vie fraternelle menée en commun, est et demeure avant tout témoignage de la Bonne Nouvelle adressée à notre monde: l’Amour est tout!


Marcel Metzger, Religious vows in the canonical literature of the first centuries, RDC 65/1, 2015, p. 13-27.

The practice of vows, which characterizes the monastic and religious states of life, appears only very briefly in the documentation of Christianity during the first four centuries. However, the New Testament, especially the Apostle Paul, then the Fathers of the Church (Ignatius, Justin, Tertullian, and others) have multiplied recommendations and writings to give a framework to celibacy, virginity, and widowhood as stable states of life, chosen in the name of faith in Christ. Nonetheless, this usually pertains to spiritual and apologetic rhetoric books. Only the ecclesiastical laws (Didascalia, Apostolic Constitutions, Canons of St. Basil) explicitly mention vows related to these states of life to ensure compliance and chastise any violations thereof.

Marc Aoun, Monastic commitment in the history of Eastern Christianity,RDC 65/1, 2015, p. 29-42.

Commitment in the monastic life used to represent in the ancient and medieval Christian East a freely chosen and lived spiritual development means that was unhindered by any binding legal framework. Vows were unknown at the time, as their practice only became effective from the seventeenth century, thanks to the growing influence of the Latin discipline on the law and the institutions of the Eastern Catholic Churches.

Rémy Lebrun, Profession and consecration: Cistercian lay brothers vows, RDC 65/1, 2015, p. 43-58.

In order for the monks to strictly follow the Rule of St. Benedict and remain within the monastic enclosure, the first Cistercians received lay brothers, secular subjects who were considered to be “external brothers”. Differing from that of the monks, the latter’s profession introduced a change in the rite, which showed a shift from the concept of consecration to the concept of contract, and was responsible for the enduring distinction between profession and religious vows.

Jeanne-Marie Tuffery-Andrieu, Vows: a challenge for the definition of the state of religious life, from the Council of Trent to the 1917 Code, RDC 65/1, 2015, p. 59-88.

Ever since the Council of Trent and until the late 19th century, the Church’s Magisterium sought to better define solemn vows and simple vows, so that together they become the passageway to a “consecrated life”. Moreover, two stages stand out during this long period: the first expresses the wish of the Church to see solemn vows recognized as the only vows that create a state of religious life. As for the second, it relates to the canonical adaptation to the reality of theological charisms, making all forms of evangelical counsels the source of religious life.

Catherine Maire, Religious vows through the prism of Church-State relations during the age of Enlightenment, RDC 65/1, 2015, p. 89-107.

The article examines the two major controversies surrounding religious vows that marked the second half of the Century of Enlightenment in France. These public discussions accompanied two events: the campaign of parliaments against the constitutions of the Jesuits followed by their expulsion in 1764, and the reform implemented by the Regular Commission from 1766, relating in particular to the age of vow taking. They illustrate the rise of a questioning about the meaning of the religious state in society, starting with the specific case of the Society of Jesus then about convent life in general, the enclosure, and the civil death it implies. Their roots go back to the seventeenth century Gallican jurists and had a significant impact during the French Revolution.


Marta Peguera Poch, French law and religious vows (1790-1905), RDC 65/1, 2015, p. 109-142.

From 1790, French legislators no longer recognized religious vows and put an end to their civil effects. However, French law cannot ignore them completely because, if legislators ignore vows, this does not hold true for congregations. However, these two realities are inseparable. Therefore, the application of congregant, tolerant, or hostile laws depending on the period, forces French judges to focus on vows, which are central to religious life.

Patrick Boinot, Religious vows and work relationships: What are the legal qualifications? , RDC 65/1, 2015, p. 143-163.

A century ago, although religious life in France was essentially based on the Catholic religion –which was quite influential on the legal system– religious vows were not recognized by the French state law. However, courts have distinguished between spiritual activity and work relationships, basing their decisions on the personal commitment of religious individuals –namely the vow of obedience– or on the exercise of their activity, in order to exclude or acknowledge the existence of an employment relationship. Today, both the law and jurisprudence have dropped the reference to the pronouncement of religious vows, without undermining their canonical value. Religious commitment constitutes a private matter affecting the relationship between religious individuals and their superiors. The study shows that the state private law in France has gradually freed itself from canonical authority.

Anne Bamberg, Religious vows in the 1983 Code of Canon Law, RDC 65/1, 2015, p. 165-184.

Based on the developments of religious life in the twentieth century and on Magisterium documents, the study shows the path towards a new plan and a revision of the Code of Canon Law. After examining a series of key theological canons, it stresses the importance of vows that represent an act of divine worship, in addition to the idea of evangelical excellence, which both impose giving particular attention to the consecrated life.

Antoine Rajeh, Religious vows in the 1990 Code of Canons of the Eastern Churches, RDC 65/1, 2015, p. 185-197.

Despite the many similarities between the 1983 Latin Code and the 1990 Oriental Code in relation to religious life, especially religious vows, there are several provisions that remain specific to each. The variants are largely explained by the existence of multisecular monastic and religious traditions that are different in the West and the East.

Germain Mbida, Religious vows in the African cultural context. Issues and challenges for a particular Church law, RDC 65/1, 2015, p. 199-217.

The practice of religious vows in Africa is expressed in a context of numerical growth and institutional expansion of the Catholic Church. Training pertaining to vows and their implementation in Africa are rooted in the Code of Canon Law of 1983 and the main documents of the Magisterium. The current difficulties in the practice of vows in an African environment stem from a lack of peaceful dialogue between the essential requirements of “counsels” and the “fundamentals” of African cultures..

Danielle Gauthier, Religious vows in the face of a life experience. From a small apostolic congregation to a “hermitage of solidarity”, RDC 65/1, 2015, p. 219-230.

Following recurrent difficulties in the community life of a small apostolic congregation, some nuns discovered over the years a new way of life they describe as a “hermitage of solidarity”. The positive aspects of this new life led them to think critically about traditional religious life and question the manner of living evangelical counsels.

José Rodríguez Carballo, Reality and challenges of religious vows today, RDC 65/1, 2015, p. 231-238.

Well beyond the undeniable difficulties that it faces and that the Church must be able to address with courage and energy, religious life is characterized by the public profession of evangelical counsels and common fraternal life. It is and remains before anything else a witness to the Good News that

 

 

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